Daniel Lavoie: jardinier des souvenirs
19.11.2011 (Québec)
Daniel Lavoie est un amoureux de la terre. «Je vis à la campagne, j'ai un immense potager et c'est moi le jardinier. C'est un plaisir, un temps de repos.» Le livret du nouvel album du chanteur a cette odeur de terre, il y a quelque chose de minéral. «Toutes les photos ont été prises chez moi.»
Daniel Lavoie est jardinier de potager, mais aussi jardinier de souvenirs: il a cueilli 11 chansons dans son immense jardin de 22 albums et de 40 ans de carrière. Un album de reprises, une récolte d'anciennes chansons mûries, rougies au soleil du temps qui passe.
«Il y a deux ans, j'étais à l'épicerie un matin, en train de faire mes courses, et il y avait une de mes chansons à la radio. Je n'ai pas aimé ce que j'entendais», se souvient Daniel Lavoie.
«Je trouvais que cette chanson méritait mieux.» L'idée était semée, il ne restait plus qu'à la faire germer. Les raisons pour faire cet album devenaient de plus en plus fortes. «Quand on est chanteur, on a juste nos chansons, c'est tout mon patrimoine, explique-t-il. Après 40 ans de carrière, toutes ces chansons ont vieilli, je les chantais alors que j'avais 20 ou 30 ans et elles n'ont plus le même poids que j'aurais aimé qu'elles aient. J'ai voulu les refaire avec le regard d'un homme de 62 ans.»
L'album est soigné, fignolé. Les 11 reprises revivent. «Je suppose que, quand on commence à vieillir, on pense à ce qu'on va laisser.» Rien à voir avec un bilan final, «c'était simplement le bon moment pour le faire», lâche nonchalamment le chanteur. «Ils s'aiment», «Boule qui roule», «Jours de plaine», «La vérité sur la vérité». Le choix des chansons a été étonnamment facile pour Daniel Lavoie.
«Ce sont des chansons qui sont restées, elles se sont imposées. Elles ont toutes été des gros hits radio, et c'est toujours le public qui choisit ce qu'il veut entendre. Mais ce sont des chansons que j'aime et qui sont encore actuelles.»
Des cameos, pas des duos
Plusieurs artistes accompagnent Daniel Lavoie. Jorane, Maurane, Catherine Major, Louis-Jean Cormier, Martin Léon. Mais ce ne sont pas des duos, Daniel Lavoie insiste sur ce point.
«Ce sont des cameos, ils sont des invités. C'est du monde que j'admire, que j'aime. J'avais envie de me faire ce cadeau. Ils savaient sur quelle chanson ils chanteraient, mais je ne leur ai pas dit quoi faire. J'avais déjà enregistré ma voix, et ils ont mis leur grain de sel. Je trouve que ça apporte une petite émotion de plus.»
Ces invités habillent ces nouvelles versions de quelques voix, présence fugace pour certains, un peu plus appuyée pour d'autres. Seuls Charlebois et Renaud ont un refrain à eux. «Je voulais que Robert chante sur «La danse du smatte», raconte Daniel Lavoie, et lui voulait chanter sur «Boule qui roule». Mais je l'avais déjà proposé à Renaud sans avoir sa réponse.»
Finalement, Charlebois et Renaud se sont retrouvés sur la même chanson. «Renaud est le choix le plus émouvant de l'album. Il a beaucoup de difficultés avec sa voix depuis quelques années, mais j'avais tellement envie de faire cette chanson avec lui, c'est un ami de longue date.» Renaud a accepté à une condition: essayer ne veut pas dire s'engager, si ça ne marchait pas, on laissait tomber.
«Il l'a fait et je le trouve courageux parce que c'est un homme fier et il a accepté de se montrer faible, souligne Daniel Lavoie, visiblement reconnaissant. Les gens diront que c'est loin de la perfection, mais je trouve que c'est très émouvant.» Une chanson inédite donne le titre à l'album: «J'écoute la radio». Daniel Lavoie aime beaucoup la radio, les chansons qu'il reprend ont été des tubes radio. Il y a la radio de l'épicerie, l'étincelle du projet. Et il y a un texte reçu d'un vieux complice, «une métaphore d'un chanteur qui s'éloigne, qui vieillit, qui quitte l'avant-scène et d'un amour qui s'en va. J'ai trouvé que ça allait très bien avec l'album», mentionne-t-il.
Daniel Lavoie sera au Grand Théâtre de Québec le 17 mai 2012.