Biographie
Il existe beaucoup de biographies de Daniel qui sont écrites par gens différents aux moments differents.
Elles toutes contiennent des faits de sa vie par ordre chronologique avec l`indication des dates précises et de quelques commentaires ajoutés par des auteurs.
Si vous avez besoin de cette sorte de biographie, vous pouvez la regarder ici:
Wikipedia - Daniel Lavoie (FR)
Mais personne ne peut parler de la vie de Daniel aussi bien que lui-même et ses proches: sa famille et ses amis. Si vous voulez tout savoir de première main, voilà une biographie pas ordinaire, c`est l`histoire de sa vie.
Alors, Daniel Lavoie naît Gérald Lavoie le 17 mars 1949 à Dunrea au Manitoba, un petit village agricole de 175 habitants. Il est l’aîné d’une famille de six enfants.
Daniel: Je vivais dans un petit village où je connaissais tout le monde, et puis j’étais entouré de copains, on faisait la pluie et le beau temps dans le village.
Le petit Gérald grandit entre une mère musicienne et un père bien connu dans le village puisqu’il tient le magasin général.
Daniel: Je me souviens que mon père allait travailler six ou sept jours par semaine. On ne le voyait pas énormément mais vu que quand même on habitait presque à même le magasin on se voyait régulièrement. C’était un homme sévère, un homme droit. Ma mère c’est une femme très énergique, une femme qui était extrêmement positive et amoureuse de la vie. C’est quelqu’un qui adorait la musique, c’est probablement pour ça que je joue, que je fais de la musique maintenant. Donc elle m’a fait connaître d’abord les opéras, les œuvres de musique classique
A quatorze ans, Gérald poursuit ses études au collège de St Boniface, où il perfectionne son français et ses connaissances musicales.
Gérald Paquin: Mes premiers souvenirs de Lavoie sont qu’au collège il montait des spectacles, des soirées parascolaires comme on appelle ça. En tout cas il y a un grand gars qui monte sur stage, il est jeune puis il chante une chanson qui s’appelle «Les cornichons», je pense, et il les chante très, très bien.
Daniel: C'est en arrivant à Saint-Boniface, au collège chez jésuites que je me suis rendu compte qu'il y avait «nous» et «les autres». Parce que chez moi dans mon village, y avait les anglais et y avait les français, mais finalement on étaient tous pareils, je sentais pas la différence. Et arrivé à Winnipeg je me suis rendu compte que j'étais francophone, qu'il y avait la discrimination par exemple. Je me suis rendu compte qu'il fallait se battre pour avoir un minimum de droits, je me suis rendu compte qu'on n'avait pas le droit d'apprendre le français à l'école. Quand j'étais à mon 'école, je me rendais pas vraiment compte. On avait droit à 45 minute par jour de français, alors que nous étions une communauté francophone. Et si au collège et après en connaissant la communauté franco-manitobainne, parce que c'est un microcosmos, c'est 50-75 milles français, francophones, qui habitent dans un océan de anglophonie, parce que le Manitoba est au centre de l'Amérique et je vous dirais que les Etats-Unis sont à 20 kilomètres au Sud et là, y a 300 millions d'anglophones. Donc, ce-là je me suis rendu compte qu'on devait se battre, nous, on devait se battre pour garder notre français. Si on étonnait, fallait le montrer touts les jours, fallait faire un choix touts les jours de rester francophone, parce que c'est très très facile, devenir anglophone. Très très facile, suffisait de traverser la rivière Rouge, et c'était tellement plus facile. Et puis discrimination, on faisait partie du grand ensemble, tout était pour nous, là, y a pas de cette lutte continuelle. Mais étonnament les franco-manitobains, ils aiment bien la lutte, ils aiment bien se battre parce qu'on s'est battu, puis on s'est affirmé, et puis on a pris cette décision-là jour après jour. Puis je suis encore.
J'ai senti l'humiliation assez souvent, mais je ne connaissais pas le mot, je ne savais pas quel était ce sentiment, que je sentais. Je sentais une honte d'être moi-même parce que on est traité de haut souvent et je ne savais pas pourquoi. Je n'arrivais pas trop à comprendre pourquoi. Je crois que c'est toujours un moteur pour s'affirmer, je crois que c'est toujours une force, parce que l'être humaine est si faite: quand les choses sont difficiles, il se bat, il se bat, il refuse de mourir, et puis effectivement c'est une force très créative, je le regrette pas du tout. Donc je me considérais toujours chanceux d'être dans ce milieu.
J'allais visiter de temps à autre avec mon père notre oncle à la ville et notre oncle était médecin et pour moi ce me paraissait comme ce que je voulais faire dans ma vie, je voulais être médecin parce que je voulais ça, je voulais habiter dans la ville dans une grosse maison avec mon oncle, mais finalement la réalité de la médecine, je la croisais beaucoup plus tard, j'étais à l'université et je travaillais dans une hôpital parce que pendant l'été on se trouvait des jobs, puis moi je me trouvais dans une hôpital. Et parfois je regrette parce que je me rends compte que j'aimerai fait la médecine, c'est quelque chose qui m'attirais quand même, la vérité de la médecine, pas juste le rêve de mon oncle, mais la musique était plus forte que la médecine. Mais y'a des défauts, je me dis, peut-être de faire médecine. On me dit que mes chansons font du bien, que ça calme, que ça guérit, donc que je me dis: voilà, je suis un petit peu médecin, chaman.
Y a raison pour laquelle je ne suis pas devenu médecin, c'est parce que j'ai choisi, je crois, le chemin de la facilité. Enfin, je pensais que je choisi le chemin de la facilité! J'ai toujours beaucoup de facilité à faire de la musique et quand j'étais adolescent, j'ai très rapidement gravité vers des groupes qui faisaient de la musique, du rock, de toutes sortes des choses. J'avais une facilité pour apprendre à jouer les instruments, donc, le saxophone, la trompette, la guitare, la batterie, j'étais l'homme - orchestre, je jouais tout, je chantais, je faisais... et tout cela me venait avec une facilité incroyable, j'étais toujours fasciné que les gens trouvent ça exceptionnel parce que pour moi y'avait rien d'exceptionnel, je prenais un instrument et au bout de dix minutes je savais un peu jouer à l'instrument et je trouvais rapidement. Je me suis rendu compte que peut-être que j'avais ces gens, ceux qui fait qu'on devient musicien. J'avais un professeur que à l'époque qui exigeait de ces étudiants touts les matins poèmes. Il a fallu les remettre par écrit touts les matins ce qu'on avait écrit comme poème dans la nuit ou dans la pleine, il fallait que les matins. Et lui, il corrigeait dans la journée, pendant ses heures libres il corrigeait, nous redonnait les soirs notre cahier, pour que nous remettent encore une poème. Et un jour je reçoit le commentaire dans mon petit poème que j'ai fait et m'avais mis à mettre en musique. Et ça m'avait pareil un peu bizzare à mettre en musique, je me dis «comment ça à mettre en musique?», puis je vais lui joindre, lui demander «mettre en musique» et il me dit: c'est une chanson. C'était dit «ah,bon, c'est une chanson, ça?». Il a dit «oui, oui, c'est une chanson». Alors il m'est venu l'idée, c'est fou, j'en pensais pas avant que je pouvais écrire une chanson! C'est fou! Et je me suis dépêché, j'étais trouvé le premier piano, je savais, il en y avait un derrière, dans une salle et j'ai passé, j'ai dépassé trois jours à cet affaire, une chanson musique, une chanson. Et c'étais mon première chanson:
Le vent d'automne souffle si froid
Si monotone que j'en pleure parfois
Les choses comme ça. Et c'était une chanson de l'automne et des feuilles qui tombent, et l'amour qui m'etouffe.
Daniel: (dans un extrait d’une interview télé de 1974): Il y avait eu «Jeunesse oblige», c’est ça, il y avait un concours et puis moi je jouais du piano au 100 Nons. Et puis il manquait des auteurs-compositeurs. Puisque j’étais le seul concurrent dans le concours, j’ai gagné. Puis j’ai été très encouragé. Puis c’est parti de là pas mal.: Puis je me suis retrouvé aux semi-finales, aux semi-finales, pas les finales, de «Jeunesse oblige», à Ottawa.
Dans les coulisses de ce concours, Gérald rencontre Franck Dervieux, alors pianiste de Jean-Pierre Ferland. Ce sera déterminant.
Daniel: Il a dit: «Viens ici, il faut que je te parle». J’avais été le voir, très intimidé, évidemment. Il a dit: «Il faut que tu continues». J’ai dit: «Comment?». Il dit: «Il faut que tu continues, tu n’as pas le choix». Il est un petit peu une des raisons pour quoi je suis resté dans la musique, je crois. Ca a un petit peu saboté mes ambitions de médecin. J’ai pensé qu’effectivement la musique c’était peut-être plus le fun.
Coup de chance inespéré, un producteur québécois, Réjean Rancourt, se pointe au Manitoba à la recherche d’un groupe de musiciens.
Daniel: Quand l'occasion s'est présenté à la fin de mes études, de partir en tournée avec un groupe, j'ai même pas hésité, j'ai dit «j'y vais». J’ai écrit mon dernier examen un matin puis, le lendemain matin, je suis parti pour le Québec
Gérard Jean: Et puis on a fait ça en deux jours à peu près, parce que fallait le faire. On n’avait pas d’argent pour se payer des hôtels et puis on était comme couchés sur les instruments et puis les amplis. C’était pas tout le monde qui pouvait s’asseoir, on était tassés comme des sardines. D’autant plus qu’on ne se rendait pas à Montréal, mais au lac St Jean, à Dolbeau. C’était notre premier GIG. Alors il y avait du village à faire.
Daniel: Quand je suis arrivé au Québec en 1970-71, c’était une époque où le Québec était en ébullition, et l’endroit le plus cool au monde entier c’était le Québec. On a commencé une tournée qui a duré à peu près un an et demi où on a fait tous les clubs de troisième et de quatrième ordre du Québec à jouer du rock and roll sept jours par semaine de 9 h du soir à 3 h du matin. Et on s’est rendus compte que c’est vrai que c’était un petit peu un terrain de jeu, mais c’était dur.
Thérèse Lavoie: On lui avait dit: «Ecoute, prends donc un emploi, fais quelque chose, puis après ça tu feras ta musique». Il dit: «Maman, c’est tout ou c’est rien». Alors c’était son choix, c’était manger, comme il disait, «que ce soit cheese ou macaronis, mange!»
Daniel: De tout façon pour le moment je voyais ça comme l'aventure, le changement de décor, j'en pensais pas même en ce moment-là d'en faire un métier, de faire une carrière, mais je voyais ça vraiment comme je m'en vais voir le Québec, je m'en vais avoir un peu de plaisir, faire de la musique touts les jours, j'avais rien (...) sur la Terre. On le compte ci-dessous, parce que c'était vraiment très dur, et mes copains sont retournés au Manitoba, mais moi, qui avais decouvert le Québec à travers cet année, me suis rendu compte que j'y étais très bien, que j'ai pas vraiment envie de retourner au Manitoba. Je travaillais de temps à autre dans des piano-bars, parce que c'était de l'argent vite gagné, facile, j'avais tout ce qu'il fallait, je chantais, je jouais du piano, et je partais comme ça, ici et là, dans les bars, cet île, à Bécomot, à leur bout de Québec, c'était très payant. Et je travaillais pendant trois semaines, je revenais au Montréal et là, je faisais une vie de bohéme, je foutais rien sauf travailler faire des chansons, j'écrivais des chansons, je me promenais, je regardais un monde, puis je crois que ma préoccupation à l'époque était quand même écrire des chansons.
C’est à cette époque-là que j’ai décidé de changer de nom, parce que Gerry, j’avais pas envie d’être connu comme Gerry. Je trouvais que ça manquait… avec tout le respect que j’ai pour Gerry Boulet, ça ne me ressemblait pas. Donc j’avais pas envie de faire carrière internationale, comme je voyais faire évidemment, avec un nom comme Gerry. Donc j’ai choisi, j’ai pris le livre de téléphone puis j’ai fouillé, puis j’ai tombé sur Daniel, j’ai dit:
«Daniel… put it, Daniel», donc, je suis devenu Daniel.
Et un jour Yvan Dufresne vient manger un steack au Steack-House et m’entend chanter. Il me demande si je fais des chansons et je dis: «Oui, j’en fais.» Alors deux jours plus tard Yvan se montre chez moi et me fait jouer des chansons, entre autres «J’ai quitté mon île».
Le premier disque que j'ai fait, bon, il a eu quelque petit succès, mais c'était pas grande chose, y a une chanson qui reste de ce disque qui s'appelle "J'ai quitté mon île", qui est une chanson qui est entrée en l'inconscient collectif, si vous voulez, tout le monde la connait et pourtant ce n'ai jamais été un succès à la radio, ce n'ai jamais été un numero quoique ce soit. Étonnement j'ai decouvert avec les années que les chorals à travers le Québec chantaient cette chanson-là, que tout le monde la connaissait.
Gilles Valiquette: C’était le disque à Daniel qu’on faisait, c’était pas le disque de Gilles Valiquette. Et puis Daniel il écrivait pas certainement ce qu’on appelle… il écrivait des belles chansons. Je me souviens de sa chemise à carreaux, je me souviens de sa moustache, puis je me souviens aussi que les filles avaient toujours un regard affectif pour lui.
Au moment où on a enregistré le premier disque, il y avait un ami de Daniel qui était souvent présent, qui s’appelle Réjean Rancourt. Le bon côté de cette relation-là, c’est que Daniel a toujours eu quelqu’un, un bras droit, en qui il pouvait avoir confiance.
Réjean Rancourt: C’était de compléter ce qu’il ne voulait pas faire. A savoir lui écrivait des chansons, puis moi je m’arrangeais pour que ça marche. C’est un artiste qui a du talent et puis tu as envie qu’il réussisse, tu as envie que ça communique.Marc Pérusse: Quand «Nirvana Bleu» est arrivé, ça a été un gros hit. Ca a été l’album je pense qui l’a mis sur la carte.
Daniel: Ca n’a pas été un aussi gros succès que ça, «Nirvana Bleu». Les gens s’en souviennent bien de cet album-là parce que c’était un bel album qui se tenait bien à l’époque et qui était peut-être… qui se démarquait des autres qui se faisaient à l’époque.
Il faut donc attendre au troisième album de Daniel pour qu’une chanson le propulse au sommet des palmarès, «La danse du Smatt».
Daniel: C’est une chanson d’un gars frustré qui commence à en avoir plein le cul qu’il ne se passe jamais rien, et c’était moi, évidemment. J’ai écrit cette chanson-là dans le parc Lafontaine un jour dans une crise d’existentialisme intense. Je me souviens j’avais un stylo et un papier, je me suis installé, j’ai écrit «La danse du Smatt» accoté contre un arbre dans le parc Lafontaine. Et c’est devenu le phare de cet album. Je trouvais qu’il était décidément temps que mon tour s’en vienne parce qu’avant ça faire des choses c’était compliqué. Il fallait toujours que tu quêtes les musiciens, que tu quêtes tout le monde parce que tu pouvais pas les payer, c’était pas facile. Ca faisait quand même douze ans maintenant que je travaillais dans ce métier-là et que j’y gagnais pas vraiment ma vie. Il faut dire que je vivais bien en-dessous du seuil de la pauvreté. J’en avais un peu marre, et effectivement quand est venu «Tension, Attention», je pense que je m’étais plus ou moins décidé que si celui-là passait pas, moi je passerais à autre chose.
Réjean Rancourt: Ah ben oui là on a joué, on a joué la totale. On a cherché des producteurs un peu partout dans le monde, on a vraiment joué tout ce qu’on avait, les dettes déjà accumulées plus les dettes qu’il fallait faire pour le faire. Tout le monde était mis à contribution, je veux dire les familles, tout le monde.1983, Daniel Lavoie joue le tout pour le tout. Il emprunte à la banque, s’arrête durant quinze mois pour écrire, loue le studio d’André Perry et enregistre «Tension, Attention». Daniel DeShaime le pousse alors au-delà de ses limites.
Daniel DeShaime: On s’est retrouvés dans un tout petit studio dans l’Est de Montréal. Il ne voulait pas apporter son piano de chez lui, donc on a décidé d’en louer un. Mais on avait déjà commencé à travailler. Et là je voyais qu’il avait des idées très nouvelles quand il n’y avait pas son piano, sur le synthétiseur, sur le vieux piano droit qui était dans le coin ou à la guitare. Il trouvait des choses vraiment géniales. Alors, c’est malheureux, je ne lui ai jamais dit avant, mais j’ai fait accroire qu’il n’y avait pas de location de piano, qu’on ne pouvait pas en trouver.
Marie-Christine Blais: Réalisé un peu à l’américaine, avec des moyens mais aussi avec une inventivité dans les instrumentations, les orchestrations, un certain rythme, c’est le disque, à mon avis, qui a permis à la chanson québécoise de retrouver un second souffle. Et là tout d’un coup on trouve que Daniel Lavoie est québécois. Jusque-là il était hors Canada, mais finalement il est peut-être bien québécois.
Autre surprise, Daniel Lavoie change de look.
Réjean Rancourt: A travers quatre ou cinq artistes québécois il était toujours le dernier, personne ne savait trop qui c’était. Ils le confondaient avec Sylvain Lelièvre, avec Michel Rivard, avec Paul Piché, avec tout le monde, quoi.
Daniel: Donc on avait consulté les gens chez Cossette, je crois que c’était Cossette, qui m’avaient étudié, qui avaient pris mon cas, puis qui avaient fourni une analyse que je devrais faire ci, ci ci, ci, ça, et que ça marcherait. De toute façon ça faisait assez longtemps que je portais la mouche et la moustache. Un matin je me suis rasé et puis j’ai dit : «Tiens, c’est moins pire que je pensais».
«Ils s'aiment» vient d' un album qui s'appelle «Tension, attention» au Québec. En France ça s'est appellé «Ils s'aiment». Ce disque que j'ai fait qui a été pour moi le disque de la dernière chance parce que je gagnais pas ma vie, tout ce que je gagnais, retournait dans la production, et puis je commençais à être un peu frustré, Et je me souviens ce jour-là, je composais des chansons, j'avais arrêté vers midi, j'avais allumé la télé, j'avais écouté le téléjournal de midi, et y avait des images de Beyroute parce que c'était 1983. Et j'ai vu ce jour-là ce reportage deux jeunes qui se tenaient la main dans les décombres et ça m'avait, je crois, bouleversé beaucoup et j'ai fait «Ils s'aiment» en quinze minutes.
Cette chanson va lui ouvrir les portes de la France.
Daniel: J’sais pas trop, ça a démarré cette affaire-là, tout d’un coup et c’est la folie, quoi, c’est certain. Je me souviens quand j’avais fait une télé en France avec Ils s’aiment et le lendemain je crois qu’on avait vendu 27 000 disques ou quelque chose du genre et pendant la semaine ça continuait comme ça, à des rythmes comme ça. J’étais extrêmement impressionné parce que c’était plus en une journée que j’avais vendu dans toute ma vie.
Réjean Rancourt: Le climat pour Daniel c’est un peu la panique, j’pense, t’sais, si j’essaye de me rappeler, là. Il est content mais c’est un peu la panique parce que ce n’est plus la même chose du tout. Tout le monde veut le faire voyager en première classe, ce qu’il refuse en général. T’sais, j’veux dire tout le monde.. il y a une limousine qui vient le chercher à l’aéroport alors qu’à la limite on y allait sur le pouce les fois d’avant.
Daniel: J’me souviens pas ce qui se passe à cette époque-là. J’étais tellement pris dans tellement d’affaires. C’était une époque extrêmement hâtive. Je faisais beaucoup de tournées. Je faisais des allers-retours Paris - Montréal sans arrêt. J’étais assez fatigué. Je me suis rendu compte que ce n’était pas ça que j’aimais dans le métier.
Donc à cette époque-là j’ai mis un peu les breaks, je pense que j’ai mis les breaks, pas mal même, et c’est devenu assez difficile de travailler avec moi et moi avec les autres. C’est difficile de ne pas être changé par un succès comme ça. Du jour au lendemain on est personne et tout d’un coup on devient très important, très important entre guillemets.
C’est à cette époque qu’il s’associe à son gérant et ami Réjean Rancourt pour fonder la maison de disques Trafic.
Marie-Christine Blais: Daniel Lavoie décide de réinvestir ses profits pour permettre l’éclosion d’une nouvelle famille musicale, des auteurs-compositeurs vraiment différents, qui sont très très originaux. Bon, il y a Luc de la Rochellière, il y a Marie-Philippe qui chante avec des phonèmes, ouh la, il y a d’autres gens, il y a Paparazzi, qui est une espèce de duo de musique techno de l’époque, qui fait des choses vraiment pas banales.
Daniel: A l’époque ça m’apparaissait comme une très bonne idée. J’étais plutôt naïf et ne savais pas trop trop ce que ça pouvait impliquer, et que probablement j’aurais plus à dire sur ce qui se faisait que sinon.
Daniel va à Londres chercher le producteur de «Duran Duran».
Daniel: J’ai choisi Colin Thurston. Je m’entendais bien avec lui. Je sentais, parce que je suis assez instinctif et intuitif à ce niveau-là, je sentais que je pourrais travailler bien avec ce gars-là. J’avais envie de travailler avec le même monde. On avait eu beaucoup de plaisir à faire «Tension, Attention». On avait vraiment bien travaillé ensemble. Il y a une pression dans le sens que maintenant tout le monde y met de l’argent, puis tout le monde est impliqué, puis tout le monde veut faire un album extraordinaire, puis tout le monde évidemment y met son grain de sel et puis là tout d’un coup on m’imposait de nouveau, tu sais, il fallait… et bon, j’étais un petit peu bousculé à l’époque puis j’ai pas réagi assez fort.
C’est facile de dire que j’aurais dû, j’aurais dû, j’aurais donc dû, et… mais bon, j’ai fait le disque Vue sur la mer, qui n’était pas si mal mais qui n’était pas l’album, je pense, que je voulais faire.
Cet album comprend cependant «Je voudrais voir New-York», une chanson inspirée d’une entrevue avec le chef de Solidarité, Lech Walesa.
Daniel: Ca m’avait frappé que cette personne-là, qui était impliquée dans quelque chose de tellement important dans son pays, rêve d’être millionnaire à New-York, et ça avait fait cette chanson-là, «Je voudrais voir New-York».
L’homme timide, mal à l’aise sur scène, doit composer avec l’image d’un sex-symbole.
Daniel: Je ne m’en suis vraiment pas rendu compte. Je regarde les photos de moi à l’époque, parce que j’ai vieilli maintenant, tu sais, et je dis: «Coudonc, tu es bien beau gosse à l’époque», mais à l’époque je ne m’en rendais pas compte pantoute, pantoute, je me trouvais bien ordinaire, comme tout le monde qui se regarde dans le miroir et se retrouve… Je me demandais ce qu’on pouvait bien voir.
Marc Pérusse: Non, Daniel, c’est plutôt le genre de gars à tomber de la scène, ce qui est déjà arrivé d’ailleurs une fois, à la Rai je pense, ou à échapper le Félix en bas de la scène des Félix, là , tu sais. Là, tu entends «bading badingue» puis là mon Daniel… puis il part, il sort de l’écran, tu comprends-tu, puis il descend l’escalier, il va chercher le Félix et remonte, puis là il est là, puis j’me souviens plus, il a commencé quelque chose comme «c’est dur à casser», en tout cas ça n’allait pas bien.
Après avoir fait partie de la relève durant 15 ans, Daniel Lavoie est enfin consacré. Il se retrouve aux côtés des plus grands.
Daniel: Pour moi c'est devenu non seulement un privilège de faire partie d'Amnesty International, mais un devoir.
Réjean Rancourt: Dans le marché international, Daniel c'est l'équivalent de Sting. J'ai vu les 2 sur scène, l'un à côté de l'autre, l'un après l'autre, et tout ça... Daniel a autant de talent que ce gars là. il chante aussi bien que lui.
Marie-Christine Blais: La chanson finale, quand ils chantent du Bob Marley, tous ensemble, alentour des même micros qu'ils se partagent, il y a Bruce Springteen qui est là! C'est comme si on entrait nous aussi dans le continent nord-américain, sur le même pied d'égalité. On a la même valeur.
Après cette virée avec les grands de la musique, Daniel renoue avec ses racines.
Daniel: Bon, je vais mettre sur papier quelques émotions de ma vie franco-manitobaine et puis j'en ferai une chanson un jour. Et je me suis installé avec un papier et puis je pense que, à quelques mots près, le premier jet est devenu «Jours de plaine». Une chanson qui a énormenent touché au Québec et au Canada, et surtout dans mon pays, du Manitoba, où les gens se sentent très interpolés par cette chanson-là. C'est probablement la chanson la plus difficile à chanter dans mon répertoire pour moi, parce qu'elle me parle très très personnellement de ma vie, des miens, de ma famille, de mes racines.
On a fait une levée de fonds extraordinaire avec les dessins de «Jours de Plaine». Un par un on les a vendus au Manitoba pour une levée de fonds pour le collège St Boniface.
En 1992, Daniel Lavoie tente de percer le marché anglophone. L'album est remarqué par les producteurs d'un des soaps américains les plus populaires, «General Hospital».
Daniel: J'ai dit: Wow, Hollywood, ABC, une émission à travers le monde, on va avoir des conditions extraordinaires, le piano, le plus beau piano au monde, le plus beau micro au monde, le système de son le plus merveilleux au monde. C'était horreur. Ils avaient un Mason and Risch, un vieux piano droit qui sonnait la cacane, avec un micro, je ne sais pas trop quoi. J'avais envie de m'en retourner chez nous, moi, là... Donc, j'ai fait ma petite crise de vedette, ils ont accepté que je fasse du lips-sing.
Je signe un contrat avec Tower Records qui veut sortir le disque absolument, et on prépare une nouvelle affaire, une nouvelle chanson, on sort la chanson jouée à l'émission «General Hospital», une nouvelle chanson, «Woman to Man», ça s'appelait. Encore une réponse extraordinaire. Mais c'est à l'époque où mes relations d'affaires deviennent extrêmement compliquées et je décide, moi, de tirer la plug.
La fin de Trafic, effectivement, je la voyais venir depuis un certain temps. On avait monté une étiquette de disques où il y avait des gens que j'aimais beaucoup et on avait toujours évidemment eu l'espoir que ça pourrait finir par marcher. Mais ça ne marchait pas.
Marie Philippe: On sentait bien que ça ne marchait plus. Tu sais, c'était... Daniel était ailleurs, Réjean était comme ailleurs. Mais c'est pas un gars qui suivait trop trop ses affaires. Et puis, c'était un gars qui était généreux dans le sens qu'il encourageait ses artistes. Tous les artistes qui étaient là avaient l'approbation de Daniel, quand même. Au niveau artistique, il était là, il était très présent.
A cause de difficultés financières, Trafic a dû vendre les droits et les bandes maîtresses des chansons de Daniel à la filiale française d'une compagnie américaine, EMI.
Daniel: Quand je me suis rendu compte que je n'avais plus mes disques, que je n'avais pas mes droits d'auteur, que je n'avais plus rien finalement, je me suis dit: «Mon Dieu, j'ai été vraiment naïf, j'ai été un beau cave. Je me suis vraiment fait embarquer, mais royalement». Donc, moi, j'ai dû tout larguer et recommencer à neuf. Ce qui a été la meilleure décision de ma vie.
L'album «Ici» s'enregistre dans des conditions difficiles. A 46 ans, Daniel Lavoie doit repartir à zéro.
Marc Pérusse: Quand on a fait «Ici», Daniel était dans une période difficile de sa vie, je dirais, très difficile. Puis, Daniel c'est un gars qui laisse, qui est capable de laisser ses problèmes à la maison. Quand il s’en vient faire de la musique, c’est un passionné. Alors il laisse ses problèmes à la maison. Mais quand il arrivait des matins dans un piteux état, c’était triste.
Marie-Christine Blais: Et là, je le rencontre pour faire une entrevue à ce moment là et le titre de mon article c'est «Daniel Lavoie, pauvre et heureux». Le gars jubilait. Il avait tout perdu, mais il avait ça la musique, sa femme, ses enfants, ses amis, puis coudonc...
Daniel Lavoie a déclaré faillite et perdu les droits de ses chansons. L'avenir est sombre.
Mais sa vie va prendre un nouveau tournant lorsqu’il chantera au festival franco-manitobain à Ottawa. Luc Plamondon est dans la salle.
Daniel: Je chantais «Le Blues du Businessman» d'une nouvelle façon, d'une façon qu'il n'avait jamais entendue. Et je crois qu'il a été charmé.
Luc Plamondon: Je cherchais un chanteur de plus de quarante ans pour jouer le rôle de Frollo. J'ai vu cette silhouette, et j'ai vu Frollo.
Daniel: J'ai rien à perdre. Puis je faisais un bad trip sur le Québec à ce moment là. Je me sentais très trahi, par les… comment je dirais… les éléments culturels du Québec. J'ai senti qu'on ne m'a pas soutenu. Et j'avais peut-être envie de sacrer mon cas.
Daniel: Je suis quelqu'un qui est assez torturé aussi, donc je peux très bien comprendre Frollo. Peut-être pas aussi extrême que lui quand même... Mais bon, je connais quelques personnes que j'aurais bien aimé faire pendre dans ma vie.
Marie-Christine Blais: Il y a une rumeur, même un peu médisante qui soutient que tous les jeunes interprètes qui étaient dans «Notre Dame de Paris», dans l'aventure de «Notre Dame de Paris», avec le succès qu'on sait, tous, on vu leur couple éclater complètement. Leurs moyens, évidemment... Ils se sont mis à être riches, à avoir du succès, à être reconnus dans la rue et il paraît qu'il n'y a pas une histoire d'amour qui a résisté. Sauf, sauf, celle de Daniel Lavoie...
Le succès de Daniel Lavoie exerce une certaine pression sur EMI, il récupère alors les droits de ses chansons.
Daniel: Le succès de «Notre Dame de Paris» pour moi ça été comme vacances, ça été, j'ai toujours dit, la croisière s'amuse pour moi, je venais de traverser un période très difficile, j'étais en pleine reconstruction, ça allait, tout allait plutôt bien.
Succès à Paris et à Londres. Trois millions de disques vendus en France, sept à travers le monde. Les difficultés financières, c'est maintenant chose du passé. Daniel Lavoie prend goût à la vie parisienne. Il accepte de jouer l'Aviateur dans la comédie musicale de Richard Cocciante «Le Petit Prince».
Daniel: J'ai dû devenir un acteur de théâtre, ça m'a pris beaucoup de travail effectivement. Et je l'ai abordé comme un chanteur et comme un acteur, les deux. Ca m’a appris un nouveau métier, et j'aime ça, beaucoup.
On traite de choses simplement et c'est quand même très touchant, très émouvant, très beau. Mais sans jamais tomber dans le "gnangnan", dans le "trop", justement. Ce n'est pas un livre avec lequel j'étais vraiment très familier. Je n'ai pas connu ça dans ma petite enfance, parce que «Le Petit Prince» ne s'était pas rendu à Dunrea, Manitoba. J’ai un peu souvent tendance à me revoir en petit garçon du Manitoba qui vit des choses auxquelles il n’aurait jamais osé rêver, même.
Quand «Notre-Dame» fut terminé, moi, je suis rentré chez moi, retourné à faire ce que j'ai envie de faire, j'ai dit «bon». Merveilleux! En plus ça m'avait un peu remboursé les perdes, et je me retrouvais dans une situation pas trop désagréable, de pouvoir justement avoir... comment dire... le temps de travailler, et c'est ce que je faisais, j'ai passé une année à composer des chansons, à faire que ça, chez moi, tranquille.
J'avais dit à tout le monde, si je refais un disque, je vais le faire, mais je vais le faire comment j'ai envie de faire, je ne ferai pas un disque qui soit formatique commerce, je ferai un disque qui pour moi était un disque d'émotions et disque de tranquillité, si vous le voulez, je vous le fais. Tout le monde a dit: «oui, d'accord». D'accord. «Comédies humaines» est certainement ma version de ce que je crois être la chanson française. C'est ma vision très personnelle, je crois, de ce que nous sommes, de ce qui est la vie, de ce qui est l'existence, c'est grave, et en même temps c'est toujours beaucoup de tendresse et d'humour. L'émotion ne dit pas les choses catégoriquement noir et blanc, l'émotion, c'est toujours quelque chose qui est peut-être au dessus de tout ça. Et c'est peut-être ma force, la lucidité dans l'émotion en tout ce que je sais de trouver.
Suite à l'aventure du «Le Petit Prince», Daniel Lavoie enchaîne avec le tournage d'une télé-série de Claude Founier basée sur la vie de Félix Leclerc où il interprète le rôle de Félix lui-même. Tourné en France et au Québec à l'été et l'automne 2003, ce projet sera diffusé par Radio-Canada et France 3 en 2004. (Daniel a participé aux films «Le fabuleux voyage de l’ange» de Jean-Pierre Lefebvre (1991) et «Histoire d'Ève» de Claude Fournier (2002) avant d’incarner le grand Félix Leclerc)
En 2005 Daniel propose son album «Moi, mon Félix».
GSI Musique Les écrits sont immenses: Il devenait impératif d'en faire une sélection. Décision crève-coeur, choix coups de coeur, Daniel Lavoie a choisi minutieusement chacune des pièces qui forgent «Moi mon Félix».
Le titre de L'album «Moi mon Félix», est plutôt révélateur du lien que Daniel Lavoie entretenait avec l'homme. S'il a voulu s'approprier ces magnifiques pièces, le temps d'un album, il s'est également fait un devoir de rendre par son interprétation, une facture très personnelle toujours menée par l'honneur immense relié une telle démarche artistique.
«Moi mon Félix» est une réalisation de Daniel Lavoie.
Redevenu auteur-compositeur à plein temps, il se passe à peine deux ans et des poussières avant que l'on retrouve les 13 remèdes anti-chagrins de «Docteur Tendresse».
Daniel: «Docteur Tendresse» – c`est ma philosophie la vie. C`est à dire le partage, le respect des autres qui se fait d`abord dans la tendresse envers les humains et je crois qu`on retrouvent beaucoup ça dans le disque «Docteur Tendresse». C’est un disque de tendresse envers les humains, envers les pauvres créatures humaines qui cherchent une raison d’être dans l`univers et qui ne le trouvent probablement pas, plus comme moi. C`est un regard tendre sur nous et c`est tout, c`est pas prétentieux, c`est pas moraliste, il n’y a pas de message. Ce n`est qu`un message de tendresse justement.
Le public est encore sous l'effet de cette prescription lorsque la maison GSI Musique propose l'attrayant coffret «Où la route mène», réunissant une trentaine de chansons et la totalité de ses vidéoclips parus à ce jour, à l'été 2008. Presque au même moment, l'artiste et ses chansons sont en vedettes lors de la sixième Semaine internationale de la chanson, réunissant plusieurs centaines de choristes autour de l'auteur-compositeur choisi. Le thème de la rencontre cette année-là: Le choeur et Lavoie!
L`album «Lavoie et le Grand Coeur» souligne ses 40 ans de carrière.
Daniel: Probablement parce que mes chansons ne sont pas passées complètement inaperçues.De grands auteurs-compositeurs les ont remarquées et m'en ont parlé. Cela m'a donné le courage de continuer, car c'était effectivement très difficile, au début. J' étais un illustre inconnu au Québec: je ne connaissais personne et je n'avais ni famille ni amis. C'a été une longue et difficile montée.
J'ai traversé des périodes pendant lesquelles j'aurais eu toutes les bonnes raisons d'abandonner. Tout allait mal! J'ai même perdu ma maison de disques. Bref, je me suis fait laver. Cela aurait pu être une raison suffisante pour laisser tomber...
Mais j'ai tourné la page, parce que j'adore mon métier.
En 2010 Daniel élargit la géographie de ses concerts. Le 10 mai son premier concert a lieu à Moscou avec un grand succès et déjà au mois de décembre il arrive à Kiev pour fait partie du grand show «Notre Dame de Paris Le Concert» avec des autres participants. La première a lieu le 8 et 9 décembre. Ensuite Daniel vient à Moscou (le 11 décembre) et St-Peterburg (le 12 décembre). Au même moment Daniel , Garou et Patrick Fiori sont invités au le tournage de la chanson renommée «Belle»sur la 1-er chaîne de television de Russie à l`émission de Nouvel An qui s`appelle «Petite flamme bleu» («Goluоboi ogonyok»). Cette emission sera diffusée dans le monde entire.
En novembre 2011 Daniel Lavoie revisite ses plus grands succès sur l'album «J'écoute la radio» et publie son premier recueil de textes en prose et poétiques, «Finutilité».
Daniel: Je n'aurais jamais pu écrire ce livre-là il y a 20 ans. J'étais beaucoup plus pris dans mon ego et plus coincé dans mon corps et mon âme.
«Finutilité» - C'est un mélange d'utilité et de futilité, de fini et d'infini. Ce livre, c'est un regard que je dirais amoral et sans compassion sur la vie. C'est un regard froid, sans sentimentalisme aucun. Mais je me réserve quand même la tendresse et l'humour, qui pour moi sauvent tout ça. Autrement, le sentiment d'absurdité est insupportable. Je pense que ce livre, c'est une crise de la cinquantaine bien vécue ou survécue!
Les textes de «Finutilité» sont parmi les plus anciens qu'il a écrit il y a presque 20 ans, au retour de la «folie Notre-Dame de Paris». Daniel Lavoie s'était alors imposé la discipline d'écrire une chanson tous les jours. Plusieurs textes ont finalement servi «d'amuse-gueule» lors de spectacles, des transitions lues par l'auteur entre les pièces musicales. Beaucoup de spectateurs voulaient les lire, et c'est ce qui a fini par mener à une publication, après beaucoup d'hésitations. Il n'était pas question qu'il publie ailleurs que dans une maison d'édition franco-manitobaine, et il a choisi les éditions Plaines.
Dans la foulée, Daniel Lavoie a eu envie de revisiter ses plus grands succès, parce qu'il trouvait que plusieurs de ses chansons «méritaient mieux». Cet album, «J'écoute la radio», contient plusieurs surprises, malgré des titres archi-connus comme «Tension Attention», «Ils s'aiment», «Jours de plaine» ou «Je voudrais voir New York».
Daniel: Je ne voulais pas que ce soit juste des reprises, ni un «best-of», mais vraiment une relecture, avec 20 ou 40 ans de recul, qui respecterait autant ceux qui ont aimé ces chansons que moi-même.
Daniel Lavoie espère que les gens comprendront à quel point il s'agit de nouveaux textes, même s'il s'agit des mêmes chansons. Elles n'ont plus la même portée ni le même sens pour lui, des décennies plus tard.
Daniel: Je ne fais pas un gros bilan. Mon attitude reste assez cohérente avec le livre. Je n'essaie pas de survivre à moi-même, je n'ai aucun besoin ni aucune envie de faire quelque chose qui va rester ou de léguer quoi que ce soit. Je le fais parce que j'aime ça. Je n'ai pas une longue vue là-dessus, je sais que le monde peut sauter du jour au lendemain. Il ne faut pas trop miser sur le futur...
En décembre 2011 Daniel manifeste encore une fois son talent artistique dans le role du personage de Frollo de concert -hommage «Notre Dame de Paris» à Kiev le 13 décembre et à Paris (Bercy) le 16,17 et 18 décembre.
En 2011, Daniel Lavoie fait paraître l'album «Jécoute la radio» sur lequel on peut entendre onze de ses plus grandes chansons et une chanson inédite «J'écoute la radio». La tournée avec le nouveau spectacle sur l'album «J'écoute la radio» a duré deux ans (jusqu'à l'automne 2013) non seulement au Canada, mais dans plusieurs villes en France, en Russie (Moscou et Saint-Pétersbourg) et en Ukraine (Kiev et Odessa).
Le 25 mars 2014 Le Chant du Monde (Harmonia mundi) lance un nouvel album, Daniel Lavoie: «La licorne captiv» - Un projet musical de Laurent Guardo. Dans ce projet musical né dans les mythes et les légendes classiques, Daniel Lavoie, accompagné par des instruments médiévaux et ethniques, interprète des chansons écrites pour lui par un auteur-compositeur canadien Laurent Guardo. L'album est réalisé par Guardo et Lavoie. En octobre 2014, tous deux présentent leur spectacle La licorne captive à la salle de L'Européen à Paris20. La première nord-américaine a eu lieu au Québec en mai 2015.
Le 1er juillet 2014, Daniel Lavoie est en vedette au spectacle du soir de la Fête du Canada sur la Colline du Parlement à Ottawa représentant Manitoba.
Son nouvel album intitulé «Mes longs voyages» est sorti en septembre 2016. Réalisé par Guy St-Onge, cet album comprend des chansons originelles ainsi que des reprises de Léo Ferré, Alain Bashung, Allain Leprest et Félix Leclerc. La tournée Mes longs voyages a suivi en février et mars de 2017et au printemps 2018. Une des prestations de la tournée 2017 a eu lieu dans le cadre du festival Montréal en lumière dont Lavoie était Président d'Honneur.
De novembre 2016 Daniel Lavoie reprend son rôle de Frollo dans la nouvelle version de la comédie musicale Notre Dame de Paris au Palais des Congrès de Paris, avec le tour français et international prévu pour 2017 et 2018.