Quand le country dit...
Le Journal de Montréal
27-10-2006 | 11h35
L'album country produit par Mario Pelchat est un vrai miracle de rapidité et s'est concrétisé en à peine trois mois.
L'engouement des artistes que Mario Pelchat a contactés a été immédiat. Tous avaient envie de chanter du country. Même Ginette Reno a accepté de collaborer à cet album collectif. «C'est un des rares disques qui ont été enregistrés de façon si simple et rapide, confie Pelchat, qui produit l'album. Je sens que ce disque est magique, juste à la manière dont les artistes ont embarqué dans le projet.»
Quand le country dit bonjour... réunit treize artistes qui ont enregistré chacun une pièce country au studio d'Éloi Painchaud dans l'ambiance détendue de la campagne. Chez Éloi, ils ont partagé leur amour du country. L'idée a germé au mois de juillet dans la tête de Pelchat, les artistes ont été contactés en août et le disque était déjà terminé à la mi-septembre.
Premier extrait de Jorane
Mario Pelchat apprécie le country depuis son enfance, surtout grâce au Festival western de Dolbeau d'où il est natif. Quand cet événement majeur a débuté, Mario n'avait que sept ans et il était encore cet été de la fête lors de la 35e édition du festival.
C'est dans un chalet devant le feu de foyer que Mario a réalisé l'importance du country dans le coeur des Québécois. «Tous ceux à qui je parlais de mon projet étaient emballés, dit-il. Quel Québécois ne connaît pas Mille après mille ou Quand le soleil dit bonjour aux montagnes. Tôt ou tard, après les périodes de Super Tramp et Queen, on revient à la musique de nos parents.»
Mario Pelchat produit cet album country collectif sous son étiquette MP3. Il a aussi produit le disque de Cindy Daniels sur lequel on retrouve Sous une pluie d'étoiles, qui a été un des hits de l'été. À titre de producteur, il est très confiant. «C'est toujours un coup de dés, il n'y a pas de garantie de succès, déclare-t-il pourtant. Mais je suis sûr que le premier extrait, La Fabrique interprétée par Jorane, va jouer à la radio commerciale. Je sentais le vent favorable au country et j'avais envie d'offrir un disque de qualité.»
L'ADISQ pas juste
Mario Pelchat lancera son disque solo Le Monde où je vais à Paris, où il sera en promotion du 11 au 22 novembre. Ici, son album atteindra sous peu 50 000 exemplaires vendus. Sa chanson, Aimer, est en nomination à l'ADISQ pour la chanson de l'année, mais Mario Pelchat n'a pas été considéré comme interprète.
L'histoire se répète. En 2000, Pelchat avait remporté le prix de la chanson de l'année attribué par le vote du public, avec Je ne t'aime plus, mais il n'était pas en nomination dans une autre catégorie, un pied de nez à l'industrie.
«À l'époque, ça m'avait vraiment fait mal. Aujourd'hui je ne m'en fais pas. Je crois que le système de votation du gala de l'ADISQ est à revoir. Nous, à titre de petite maison de disques, nous n'avons droit qu'à deux votes, alors que les grandes compagnies en ont davantage, ce qui n'est pas juste.
«Il y a aussi des nominés dans la catégorie interprète qui n'ont presque pas vendu de disques. C'est pas normal. Qu'un gars comme Bruno Pelletier ne soit pas là (catégorie Interprète) est une aberration. C'est un autre problème avec Sous une pluie d'étoiles de Cindy Daniels, le succès de l'été, qui ne peut être éligible cette année parce que le vote se termine au mois de mai. Elle sera considérée l'an prochain, mais sera alors bien loin dans la tête des gens.
«Mais ça ne fait rien, ajoute-t-il, on se dit qu'on est gagnant dans le coeur des gens.»
Quand le country dit bonjour... est lancé lundi et sera en magasin mardi. Daniel Lavoie, Mario Pelchat, Les Respectables, Dany Bédar, Ginette Reno, Jonathan Painchaud, Jorane, Mara Tremblay, Marc Dupré, Cindy Daniel, Bourbon Gauthier, Marie Denise Pelletier et Jean-François Breau y collaborent. On y trouve aussi une chanson cachée.
Mario Pelchat a lui-même créé la pochette de l'album collectif Quand le country dit bonjour... sur du cuir repoussé, de l'artisanat comme il en faisait à l'âge de 15 ans.
Daniel Lavoie a toujours aimé le country
Pas étonnant que Daniel Lavoie ait collaboré à l'album country Quand le country dit bonjour... puisqu'il aimait Johnny Cash bien avant que ce dernier soit revenu à la mode.
Né dans le petit village de Dunrea à plus de 200 kilomètres de Winnipeg au Manitoba, Daniel Lavoie a été élevé avec le vieux country des années 50. Il a beaucoup d'intérêt et de sympathie pour le country et il en écoute régulièrement.
À 21 ans, alors qu'il établissait la base de ses connaissances musicales, Lavoie était entouré, dans son milieu rural, de gens qui aimaient le country, son oncle notamment qui appréciait... les Bel Canto, Jimmy Rogers, Hank Snow et «l'inévitable Johnny Cash».
Phénomène fascinant
Quand il a quitté son village pour Winnipeg, le country, tout à coup, n'était plus cool.
«Quand je disais aux gens que j'aimais Johnny Cash, ils se foutaient de ma gueule. Quand j'en jouais, ils me traitaient de quétaine. Aujourd'hui, Cash et le country sont revenus à la mode. Le phénomène est incroyable et fascinant. Ça me fait plaisir. I was country when country wasn't cool (J'étais country quand le country n'était pas cool).
Quand Éloi Painchaud a téléphoné pour que Lavoie se joigne à l'album Quand le country dit bonjour... le chanteur a donc vite accepté. D'autant plus qu'on lui donnait carte blanche et qu'il rêvait depuis longtemps d'enregistrer Je m'envolerai, une très vieille chanson «belle et spirituelle» qui le touche profondément.
Nouvel album en février
Lavoie travaille sur son prochain album solo qui sera lancé en février. On y retrouvera quelques chansons très largement inspirées des couleurs country: «J'ai toujours été attiré par la simplicité et l'émotion du country.»
Lavoie a composé presque tous les textes de ce nouvel album et travaillé ses chansons avec le réalisateur Alexis Dufresne, le fils de Louise Forestier. «On a tout fait tous les deux. Mon album est teinté roots (racines), un mélange rock, country, classique et chanson française.»