Poetry
Sel
Ce sel est un sel de mer
L'eau, le soleil, le temps
Il a passé par ton corps miraculeux
Cellules et veines et les rondeurs de muscles
Le voilà redevenu poudre blanche
Une lumière
Au coin de ton œil
L'émotion de la terre
Daniel Lavoie
L'orme
C'était un orme de 150 années
Immense et droit
Mais presque mort
La maladie des ormes
Il fallait l'abattre
Ils étaient 5 ouvriers
Avec leurs pelles et leurs scies
Sourires béats
Le plaisir bien évident
D'abattre un géant
Les bûcherons et les bouchers
Tous les jours tuent et tuent encore
La mort c'est la vie
Leurs couteaux et leurs scies
La vie c'est la mort
Il est tombé
Un roi qui s'incline
Majestueux jusqu'au sol
La terre a tremblé
Et puis le silence
Les sourires béats
Partis
Devant ce grand vide dans le ciel
Daniel Lavoie
L'âme écrit
L'âme écrit que dans milles ans
Ce poème sera illisible
L'âme écrit que dans mille ans
On ne fera plus l'amour
L'âme écrit que dans mille ans
On trouvera l'équation de l'âme
L'âme ne sait rien
L'âme écrit n'importe quoi
L'âme n'est qu'un phénomène de la matière
Une équation comme les autres
L'âme écrit que dans mille ans
Il restera très peu d'aujourd'hui
La poussière d'un livre
La note d'une chanson
Le fondu au noir d'un film
L'âme écrit que dans mille ans
La matière se transformera toujours en âme
L'ame de la matière sera l'âme
Daniel Lavoie
De salzbourg à chiang foo
Toujours et encore
La musique des morts
Radio classique
Radio vieille bourrique
Ce matin Mozart
Joue beaucoup trop fort
Ce petit hystérique
Avec son bluegrass
My ass
Il aurait du composer pour le banjo
Il y a des japonais et des chinois
Qui le jouent comme des maîtres
Pourtant
Pour eux
C'est presque la musique d'une autre planète
Il y a quand même des millions de kilomètres
Entre Salzbourg et Chiang-foo
Daniel Lavoie
La quiétude des poissons
En un long trait
D'encre rouge
Le scalpel ouvre délicatement les chairs
Peut-être que cette fois, enfin
Nous trouverons l'âme
De cette chose qui pleure depuis des siècles
Dessous tout est silence
Et pulsations
Une tourbière moelleuse et rouge
Couleur des souffrances
Les doigts fouillent et palpent
Cherchant l'inspiration
Plus tard
La chose gisant éteinte sous le drap
Nous discuterons, en buvant du whiskey
De la frontière imperceptible
De l'amour et du courage
De pêche et de poissons
De torrents glacés
Nous ferons circuler des papiers
Élaborant des théories savantes et complexes
Qui expliqueront à ceux qui veulent les lire
Comment tout se passe et tout trépasse
Et ceux qui ont ce besoin, croiront
Mais nous
Nous serons déjà loin
Les pieds dans l'eau
La mouche flottant dans le courant
À troubler maintenant
La quiétude des poissons
Daniel Lavoie
Les anges de la mort arrivent
Ombres grises
Gonflées d'adrénaline
De plaisir et de peur
Des enfants
Gras de pizza
De big macs et de cinéma
Vingt ans sonnées
Et vlan
Une balle qui passe par là et
L'ombre ne se relève pas
Terminée
Une statistique
Un poids mort dans un sac en plastique
Un drapeau
Une prière
Un 1984-2004 gravé sur une pierre
Daniel Lavoie
Le sexe (en voilà un qui n'est pas triste)
Le sexe est dans toutes les photos
On sent son odeur partout
Les romantiques disent l'amour
Mais avant l'amour
Il y a le sexe
La force est inexprimable
Tu vois ce busnessman là-bas
Le sexe
Les politiciens l'ont presque tatoué sur le front
Sexe sexe sexe
Les curés, leurs acolytes
Le pape même, sexe sexe
Certains le cachent mieux que d'autres
Derrières des bon dieux
Et d'innaplicables vœux
Mais la vie s'en moque
Tout ce qu'elle veut c'est fuck fuck fuck
Beaucoup d'enfants beaucoup
Des forts, des durs, des mous
La vie s'en fout
Mais plus y'en a
Et plus les chances sont bonnes
Pour que naisse Bach, Einstein, Darwin
Ne nous le cachons pas
Plus il y en a
Plus il se passe de choses
Et c'est pourquoi la vie nous impose
Le sexe
Daniel Lavoie