Manon Guilbert

Le Journal de Montréal

18-10-2007 | 12h49

Depuis lundi soir et jusqu'au samedi 20 octobre, Daniel Lavoie occupe la salle L'Européen, place Clichy, à Paris. Salle d'art et d'essai, ce lieu sied comme un gant au chanteur, qui y prend ses aises seul au piano.

Devant quelque 200 personnes, Daniel Lavoie, que tous ont connu à l'époque de la chanson Ils s'aiment et dans son rôle de Frollo dans "Notre Dame de Paris", a joué la carte de la simplicité.

Rapidement, il a enlevé ses chaussures et brisé le cadre qui aurait pu prendre les allures d'un récital de l'ère de Cro-Magnon. Souriant, à l'aise avec ces gens qu'il visite depuis nombre d'années, Daniel Lavoie n'a pas fait qu'enchaîner les chansons, mais a créé quelques minutes à peine après son entrée sur scène une connivence de bon aloi avec ce public parisien.

Petit et simple

Les anciennes et nouvelles chansons, interprétées de main de maître au piano, ont, dans l'intimité de ce petit théâtre, tissé la trame d'un spectacle tout simple, mais aussi percutant. Le chanteur n'en est pas à sa première prestation et on lui découvre un raffinement doublé d'une grande maturité.

Près de ses émotions, il livre sans forcer et donne généreusement les chansons qui font les perles de son répertoire. Docteur Tendresse, Bénies soient les femmes, Ils s'aiment, Je voudrais voir New York, Les Paravents chinois et même La Danse du smatte, où il choisit de faire plutôt habilement quelques steppettes qui plaisent. Il invite sur scène Jean Guidoni, un ami français avec lequel il a écrit quelques chansons. Les deux voix s'accordent à merveille, profondes et intenses.

Lavoie parle peu, mais il choisit les mots. Ses présentations sont teintées de poésie et, de sa voix grave et juste, il ajoute à l'intimisme de ce spectacle. La formule lui va à merveille.

Il est le maître à bord et accorde son piano à chacune de ses humeurs. Ses chansons prennent des couleurs chatoyantes au fur et à mesure qu'il installe une ambiance chaleureuse qui enveloppera le public tout le long de la soirée.

Lorsqu'il sort de scène après quelques rappels, dont Boule qui roule qui, indéniablement, nous restera en tête pendant quelques jours, comme il nous le promet lui-même, Daniel Lavoie a réussi ce qu'il voulait: toucher et émouvoir. Simplement, sans artifice, sans maquillage, il a été lui-même. Sa poésie, sa musique ont rejoint sans détour.