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If I would like to make the best compliment to the singer, it would be: he has his own style.
You hear him singing, and you do not even to know the song - it's Daniel Lavoie.

Bruno Pelletier

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Le charme incontesté de Notre Dame de Paris!

 

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11.09.2018

Tout se déroule en 1482, à l’époque de grands changements et de nouvelles pensées modernes qui vont à l’encontre de la religion catholique. On y suit l’histoire des gitans, accompagné de leur roi Clopin, priant pour qu’on les laisse entrer dans les rues de Paris. Parmi ceux-ci, la belle bohémienne Esmeralda, encore pucelle. Tous tombent sous le charme de cette dernière, dont le soldat du roi Phoebus, le boiteux et bossu Quasimodo et même le prêtre au cœur infâme Frollo. Vont se mélanger histoire d’amour, de jalousie et de haine. L’amour est un jeu dangereux où l’on risque fort bien de finir sur la potence.

Notre Dame de Paris est sans conteste le spectacle musical le plus respectable et le plus respecté de tous les temps, rien de moins. Même après 20 ans, l’engouement demeure et le public répond toujours présent quand ressurgit ce monument ayant marqué l’imaginaire de plusieurs générations et de plusieurs pays. Lundi le 10 septembre était soir de première médiatique pour Notre Dame de Paris, au Théâtre St-Denis à Montréal. Les artistes invités étaient conviés sur le tapis rouge afin de découvrir, ou bien de redécouvrir, ce chef-d’œuvre incontesté, d’après le roman de Victor Hugo. Les maîtres Luc Plamondon, Richard Cocciante, Gilles Maheu (metteur en scène) et également Martino Müller (chorégraphe) étaient présents à cette soirée plus que mémorable.

L’instrumental mythique signé Richard Cocciante démarre, silence complet dans la salle, laissant place à la magie. Le rideau se lève nous laissant voir Gringoire le poète couché sur une caisse en bois, Le temps des cathédrales, pièce phare et énigmatique, est entonnée. Sans toutefois posséder son immense candeur, Richard Charest réussi à chausser la grosse pointure qu’a laissée derrière lui l’illustre Bruno Pelletier. Une inquiétude en mon for intérieur survient lorsque je crois, à tort, que l’arrière-plan ne semblait être qu’une vulgaire projection. Mais le tout se dissipe quand les décors, tels des colonnes, se mettent à bouger durant la montée et que des acrobates exécutent des chorégraphies d’escalade franchement impressionnantes et à couper le souffle. Nous ne pouvions ressentir autres choses que des frissons, l’ouverture charme et donne assurément le coup d’envoi pour une soirée puissante.

On est obnubilés par les enchaînements qui doivent être réglés au quart de tour, car il n’y aucun temps mort. Tout est synchronisé parfaitement, rendant le spectateur ébloui par autant d’ingéniosité. Des colonnes se déplaçant d’elles-mêmes, des murs qui s’ouvrent et se referment, des gargouilles en pierre qui apparaissent ou bien une poutre métallique sortie du plafond, beaucoup d’éléments de décors qui viennent garnir et nous transportent dans différentes atmosphères. La cour des miracles a eu son moment fort avec les acclamations du public pour les pirouettes et la frénésie qu’offre la chanson. Jay, dans le rôle de Clopin, assure une solide performance.

La Libanaise Hiba Tawaji campe à merveille son rôle d’Esmeralda la bohémienne. Rien à redire, on aurait cru une copie conforme d’une jeune Hélène Ségara au niveau vocal. Peut-être aurais-je apprécié des mouvements plus lascifs lors de ses pas de danse, ce qui aurait augmenté la charge sensuelle à son personnage, mais le rendu reste de très haut calibre. Sa voix seule suffit à ensorceler complètement le public. Et on peut dire la même chose pour ce cher Quasimodo, l’Italien Angelo Del Vecchio est très convaincant et arrive même à la cheville de Garou avec une voix rauque comme l’on connaît si bien de cet être peu gâté par la vie. Del Vecchio rend le côté piteux de son personnage authentique ainsi qu’une voix en contrôle avec Dieu que le monde est injuste.

Malheureusement, des causes d’un virus, Valérie Carpentier, n’a pas pu vêtir la jupe de Fleur-de-Lys ce soir-là. C’est plutôt sa doublure, la chanteuse Idesse, qui a tenu le rôle de la jeune femme amoureuse et naïve, devenant petit à petit aigrie par les frasques de son preux chevalier et fiancé coureur de jupons. La Monture étant une de mes pièces préférées, j’étais curieux de savoir comment Carpentier aurait pu, de sa voix mature, revamper la couleur du personnage. Alors que l’on sait bien que Julie Zenatti, de la première troupe, avait, malgré un petit rôle, marqué son personnage avec sa voix pure et innocente. Quant à Idesse, j’ai été déçu de sa faible présence scénique qui n’a aucunement détonné du reste. On sait qu’elle était là, à titre de fiancée cocue ou bien un contexte à l’histoire, mais sans plus.

Et que dire de Daniel Lavoie? Quelle prestance! Il a conservé l’esprit sournois de son alter ego Frollo. Désormais plus vieux, mais visiblement plus en forme que jamais, on le sentait fier d’incarner encore une fois le plus grand rôle de sa vie. C’est avec une aisance implacable et une force qui sort de je-ne-sais-où qui impressionne. De la justesse de l’émotion véhiculée dans Tu vas me détruire à la perfection vocale avec Où est-elle?, Lavoie fait partie des rares chanteurs de comédie musicale à avoir autant de présence sur une scène.

Il ne faut surtout pas passer sous silence la magistrale chanson Belle, interprétée par Del Vecchio, Lavoie et Martin Giroux (Star Académie 2004). Une mise en scène savoureuse où l’on ne décroche pas de la charge émotive d’un des moments importants de l’histoire. Quasimodo, Frollo et Phoebus encerclant une Esmeralda, vulnérable, couchée au sol. Un moment qui restera gravé!

Si on compare avec la première version du spectacle, il y a de cela une vingtaine d’années, peu d’éléments ont changé, preuve certaine de l’intemporalité de Notre Dame de Paris. À la différence près d’une présence plus accrue de danseurs et d’acrobates, pour le bonheur de nos yeux. Alors qu’avec la première version de la chanson Déchiré où Phoebus, seul avec un danseur, est tiraillé entre deux amours, désormais, plusieurs danseurs en arrière-plan exécutent des mouvements saccadés, avec un éclairage tout aussi rythmé, évoquant ainsi un sentiment de profond déchirement. Ou bien le déchirant moment entre Quasimodo et Esmeralda où des acrobates prolongent les sentiments des deux protagonistes dans un sublime numéro de voltige.

Si je cherche un point faible à toute la production, et j’y vais dans les détails techniques, ce sont les petites erreurs d’anachronisme au niveau de certains costumes ne correspondant pas à l’époque où se situe l’œuvre. L’exemple flagrant, les costumes ridicules des prisonniers et des policiers au début du deuxième acte m’a fait décrocher un tant soit peu, on aurait dit des costumes provenant du futur plus qu’à l’époque du XV siècle.

Outre les quelques failles, vraiment minimes, et j’insiste sur le mot, Notre Dame de Paris est un incontournable qu’il nous faut vivre au moins une fois dans notre vie. La musique parle, les paroles touchent, les chanteurs nous transportent dans un monde triste mais touchant. Ce n’est pas pour rien que l’œuvre de Plamondon ne s’affaiblit pas. Le spectacle est bien dosé, sans jamais d’impertinence, et surtout carrément charismatique. Toute cette production, dont Cocciante en personne s’assure que la musique soit impeccable pour toutes les productions à travers le monde, c’est le fruit d’un travail acharné qui dure depuis deux décennies.

À la toute fin, assurément, il y a eu ovation et des remerciements de la part du producteur local Paul Dupont-Hébert, ainsi que de Luc Plamondon lui-même, saluant au passage la belle diversité francophone qu’offre le spectacle. Une belle surprise attendait tout le monde, l’annonce honorable des 100 000 billets vendues. Preuve encore une fois que personne n’oublie Notre Dame de Paris et qu’il survivra à travers les âges. Cocciante a terminé en chantant un extrait de Vivre soulignant l’important de l’amour. «c’est de l’amour qui manque un peu ces temps-ci. » a-t-il rajouté. Ensuite, il y a eu un rappel avec Le temps des cathédrales où les artistes et le public ont chanté tous en chœur. Les spectateurs sont repartis le cœur tout chaud.

Le concert sera présenté à Montréal au Théatre St-Denis jusqu’au 6 octobre prochain. Ensuite, il poursuivra sa route à Sherbrooke, Ottawa, Toront et Saguenay. Vous pouvez vous procurer vos billets sur le site en cliquant ici.

http://eklectikmedia.ca/charme-de-notre-dame-de-paris/